Notre souhait était vraiment d’enregistrer ces six grands trios, qui sont en effet révélateurs de l’évolution du génie du compositeur et représentent pour nous un cycle, une histoire. 

Nous ressentons à travers les trois opus un développement à la fois stylistique et psychologique: le classicisme viennois inspiré par Haydn de l’opus 1 se transforme dès l’opus 70 en une écriture plus dense annonçant le romantisme. 

Le jeune Beethoven du premier opus laisse place dans les suivants à un homme plus mûr, aux émotions plus complexes, exprimant les luttes et les rêves de l’âme humaine. Mais la modernité, l’audace et l’innovation qui définissent la musique de Beethoven sont bien présentes dès l’opus 1. Que de nouveautés, de déconstructions, de chocs et surtout d’humour pour l’époque classique! Le jeune Beethoven y joue avec les codes et exprime l’amour, la colère, l’innocence, l’espoir...

À travers l’opus 70, Beethoven agrandit considérablement l’univers sonore et émotionnel des trios. L’écriture orchestrale n’est pas sans rappeler les cinquième et sixième symphonies qui lui sont contemporaines. Le style de Beethoven annonce le romantisme, mais le deuxième mouvement de l’opus 70 no1, par ses couleurs orchestrales et son atmosphère méphistophélique, reste inclassable et le dépasse déjà. 

Enfin «L’Archiduc », de par sa dimension symphonique, nous apparaît comme un couronnement du genre du trio avec piano. Cet hymne à la nature et à l’amour a une portée humaniste évidente et résonne comme un achèvement grandiose au cycle des trios. En refermant  cette dernière page, nous avons la sensation d’avoir voyagé à travers le monde. 

Ce triple album a été enregistré avec Clémence de Forceville qui a été la violoniste du trio jusqu'en mai 2021.